jeudi 14 avril 2011

Côte d'Ivoire

1 commentaire:

  1. Cela me semble, pour le dire gentiment, naïf. S'il a fallu quelques années (de trop) à beaucoup de socialistes français pour réaliser que Gbagbo est un drole de zigotto, n'allons pas prendre pour argent comptant la fable d'une "élection démocratique" issue d'accords entre factions armées contrôlant chacune la moitié du pays en Côte-d'Ivoire (pas plus que la fable d'une intervention en faveur de l'insurrection anti-Kadhafi en Libye : si l'on y regarde de prés sans oublier de consulter une carte géographique, il est facile de démontrer que cette intervention n'a strictement empéché aucun massacre car tel n'est pas son but ...). Je précise que pour ma part j'ai estimé Gbabgo, alors grand sachem de l'Internationale socialiste (?), comme fascisant dés 2002 et l'ai dit dans des réunions du PS. Mais si les dictateurs et les graines de dictateurs font en effet appel aux mêmes méthodes, cela vaut non seulement pour Gbagbo, mais aussi pour Ouattara, ou son homme fort, Soro, ou leur parrain, Sarkozy. Aucune muraille de Chine à cet égard ne sépare la politique intérieure et la politique extérieure de ce dernier ...
    Ci-dessous un article de Omar Benderra, économiste et journaliste tunisien, pris sur le blog Algeria-Watch (opposition démocratique algérienne). Personnellement je serai encore plus sévère que cet auteur : la nouvelle vague d'interventions françaises en Afrique, au Nord et au Sud du Sahara, est contre-révolutionnaire sur toute la ligne par rapport aux aspirations des peuples, incendiaire et dangereuse, danger aggravé par le silence, union sacrée de fait, de la majeure partie de la gauche à ce sujet.
    Amicalement, Vincent Présumey.

    .Il s’agit dans ce cas d’imposer que le résultat officiel, internationalement admis, de l’élection présidentielle se traduise dans la réalité et qu’Alassane Ouattara remplace Laurent Gbagbo à la tête d’un pays en danger de partition. Mais sur la scène ivoirienne, personne n’est moins qualifié que l’ancienne puissance coloniale pour arbitrer dans un conflit interne. Dans les faits, le France ne se proclame plus seulement en tuteur de ce pays du pré-carré néocolonial, mais prend le risque considérable d’une gestion politique directe d’un État qui est bel et bien ramené à son statut de colonie. Laurent Gbagbo, très proche des socialistes français, mis au ban des nations, est certainement coupable de toutes les dérives, mais cela ne justifie en aucune façon les menées guerrières d’une puissance extracontinentale contre son régime. Cette intrusion est très mal vécue par l’opinion africaine, qui même si elle n’éprouve guère de sympathie pour Laurent Gbagbo, ressent cette ingérence militariste comme une insulte à l’indépendance africaine et le retour de la politique de la canonnière. Pour de nombreux Africains, les équilibres ivoiriens sont fragiles et le résultat, plutôt serré, de l’élection présidentielle aurait dû conduire à une posture plus sage, à la recherche obstinée par tous les moyens de la politique et de la diplomatie d’un modus vivendi.
    Des castes contre les peuples
    L’arrestation de Laurent Gbagbo à laquelle ont – au moins – grandement contribué les forces françaises sous couverture de l’ONU est l’illustration de l’immixtion néocoloniale dans les affaires intérieures d’un pays réputé souverain. Si l’intervention française laissera certainement des traces profondes dans un pays divisé en deux camps d’importance comparable, elle a déjà des conséquences sur la perception du rôle de la France en Afrique. À travers l’Afrique, le silence coupable des leaders politiques ne doit pas faire illusion, une colère sourde est perceptible. Les déclarations méprisantes prononcées par le président français à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en juillet 2007 sont le commentaire le plus approprié au déploiement des blindés et des hélicoptères français sur le sol africain. Si la guerre des civilisations a succédé à la mission civilisatrice, les discours et les méthodes ont à peine changé.

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